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vendredi 25 février 2011

Ce qui n'énerve encore : Internet et le pouvoir (2)

J'ai ouvert ce blog par un article sur Internet et le Pouvoir suivit de la Déclaration d'Indépendance du Cyberespace de John Perry Barlow parce que j'aime Internet presque depuis toujours. Cette invention géniale qui s'autorégule depuis sa création est fascinante car elle représente pour moi la définition première et littérale de l'anarchie.


L’anarchie (du grec αναρχία -anarkhia-, du an-, préfixe privatif : absence de, et arkhê, commandement, ou « ce qui est premier ») désigne la situation d’une société où il n'existe pas de chef, pas d'autorité unique. Il peut exister une organisation, un pouvoir politique ou même plusieurs, mais pas de domination unique ayant un caractère coercitif.         (Wikipédia : Anarchie )
 Et voilà que depuis quelques années ce poil à gratter démange les pouvoirs. Les pouvoirs légifèrent , réglementent, organisent à peu près tout dans nos sociétés mais il leur échappe ce territoire qu'est devenu Internet.

Ce n'est pas faute d'essayer de réglementer et toujours pour de bonnes raisons : la pédophilies, les droits d'auteurs, la cyber-criminalité, etc. .  LOPPSI 1, LOPPSI 2, HADOPI, un ensemble de textes censé protéger le citoyen . En février 2009 Nicolas Sarkozy disait pour justifier les mesures à prendre :
«Il ne faut pas laisser accessibles des sites pédo-pornographiques pour que des désaxés puissent rentrer en contact avec des mineurs. Notre devoir, c’est de les protéger.»
Internet est le monde et dans le monde cette perversion existe donc elle existe sur Internet. Que fait-on dans le monde pour lutter contre la pédophilie ? Des lois qui répriment ces comportements après que ces crimes soient commis. La place de la prévention est devenue dans tous les domaines de la criminalité portion congrue.  Cette prévention devrait passer par les parents et les enseignants. J'ai la faiblesse de penser qu'un parent qui met entre les mains de son enfant un couteau dont il se servira toute sa vie au cours de repas, le mettra en garde sur les dangers que comporte cet outil.

Mais pour Internet la loi décide de mettre en place un filtrage des sites de façon a bloquer l'accès à ces sites qui présenteraient un contenu pédo-pornographique, mesure préventive car on n'arrête pas les pédophiles et l'on ne lutte pas contre les réseaux . Comme le disait   Titiou Lecoq dans un très bon article sur le site Slate.fr :

... le filtrage ne protège pas les mineurs. Quand l’Australie a voté un système similaire, des associations de protection de l’enfance s’y sont opposées parce que «le filtre proposé ne remplit pas l'objectif d'une mesure de protection de l'enfance efficace qui respecte les droits des enfants.»
C’est faire preuve au minimum d’une grande naïveté pour croire que la pédo-pornographie fonctionne sur le même modèle que le reste de la pornographie, avec des sites en accès libre, au grand jour. En réalité, l’échange d’images de ce genre se fait essentiellement par peer-to-peer et ou par messagerie et échapperont donc à ce système. En outre, ces réseaux sont déjà passés maître dans l’art du contournement des blocages.
 Quand aux coûts que l'on estime à 140 millions d'euros la même association de protection de l'enfance en Australie disait :
«Nous estimons que les dizaines de millions de dollars qu'un tel procédé va coûter devraient à la place être dirigés vers des autorités de protection de l'enfance appropriées et de police, pour prévenir la maltraitance des enfants, et vers des stratégies d'éducation efficaces (...) qui donnent aux enfants et aux parents les connaissances requises pour se protéger eux-mêmes ».
C'est du simple bon sens...

Ces mesures inefficaces prises aux noms de très nobles causes n'ont à mon avis d'autres buts que de limiter l'accès à Internet et d'installer en son sein un pouvoir qui en est encore exclus. Et la cyber-criminalité le prétexte pour faire passer la chose dans le grand public.

Ça m'énerve...   

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